Lieux physiques fréquentés par les étudiants sans logement
Les lieux fréquemment occupés par les étudiants en situation d’itinérance comprennent les bibliothèques universitaires, les halls universitaires, les bâtiments communs sur les campus, ainsi que des espaces publics tels que les gares et certains parcs urbains autour des universités. Ces espaces représentent des points d’accès à des ressources essentielles comme l’accès à l’électricité, à l’eau, au wifi, à la chaleur et à la sécurité. Les bibliothèques, souvent ouvertes plusieurs heures par jour, deviennent des refuges pour les étudiants sans logement, leur offrant un espace sûr où étudier et se reposer temporairement. Les halls universitaires et les espaces communs sont aussi des lieux où les étudiants trouvent souvent un accès à des services et une certaine visibilité sociale.
Zones urbaines à plus forte concentration d’itinérance étudiante
Les quartiers adjacents aux campus universitaires, particulièrement ceux avec une forte densité de logements étudiants ou une présence importante d’immeubles à plusieurs logements, sont ceux qui présentent des taux plus élevés d’itinérance étudiante. Par exemple, certaines zones proches du centre-ville et des campus, notamment dans des quartiers comme Milton-Parc à Montréal (surnommé « ghetto McGill »), manifestent un phénomène de forte studentification, avec des tensions liées à la cohabitation entre populations étudiantes et riverains. Les quartiers proches des campus en transformation ou zones en revitalisation économique attirent aussi une population étudiante vulnérable en quête de logements abordables. On observe que la pression sur le marché du logement dans ces zones engendre un paradoxe où les étudiants sans logement sont contraints à des espaces temporaires ou précaires à proximité immédiate du campus.
Influence des aménagements urbains sur les stratégies de survie
Les aménagements urbains jouent un rôle crucial dans les stratégies de survie des étudiants itinérants. Le mobilier urbain (bancs, abris, espaces couverts) peut favoriser ou limiter l’occupation des lieux par ces populations. La présence d’équipements tels que des points d’eau potable, des sanitaires publics accessibles, ainsi que la disponibilité et la qualité des transports collectifs influencent également où et comment les étudiants sans logement passent leur temps. Des infrastructures bien pensées peuvent offrir un minimum de confort et de dignité à ces étudiants, tandis qu’un aménagement urbain hostile (bancs anti-personne-allongée, espaces trop exposés) complique leurs stratégies de protection et de repos.
Impact du design des campus sur les inégalités spatiales liées à l’itinérance
Le design des campus universitaires peut contribuer tantôt à reproduire, tantôt à atténuer les inégalités spatiales touchant les étudiants sans logement. Un campus conçu comme un lieu inclusif avec des accès ouverts, des espaces de repos sécuritaires et des ressources accessibles encourage l’intégration de tous les étudiants, y compris ceux sans logement. À l’inverse, des campus cloisonnés, avec des accès limités ou des contrôles d’entrée stricts, peuvent exclure implicitement les étudiants vulnérables et renforcer leur invisibilisation. De plus, le manque d’espaces dédiés à l’accueil de ces populations dans les universités et la délégation à des promoteurs privés du logement étudiant sans garanties d'abordabilité amplifient les inégalités spatiales. Un design urbain participatif et une planification intégrée qui intègre les besoins spécifiques des étudiants sans logement dans l’aménagement des campus et des alentours contribuerait à réduire ces inégalités.
Ce rapport synthétise les principales observations et recherches sur la situation émergente de l’itinérance universitaire, son ancrage spatial et ses interactions avec les aménagements urbains et universitaires. Il souligne la nécessité d’une prise en compte spécifique dans les politiques urbaines et les plans d’aménagement pour offrir des solutions adaptées à cette population étudiante vulnérable.
Cartographie et spatialisation de l’itinérance universitaire